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Les lauréat.es des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris 2023

© Alexandre Tabaste

La cérémonie des Grands prix de la Création 2023 a eu lieu le mardi 12 septembre à l’Hôtel de Ville de Paris, en présence d’Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, des relations avec les arrondissements et de la transformation des politiques publiques et d’Olivia Polski, adjointe à la Maire de Paris en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers d’art et mode.

Pour cette édition spéciale anniversaire, la Ville de Paris a convié trois personnalités fortes, incarnant purement et simplement la création parisienne, à présider les jurys : Inga Sempé pour le design, Jean-Charles de Castelbajac pour la mode et Isabelle Stanislas pour les métiers d’art.

Un prix dédié aux accessoires de mode en partenariat avec Au Delà du Cuir.

Les lauréat.es 2023

Catégorie Design

Prix Talent Émergent – Juliette Berthonneau

© Gilles Piat
© Gilles Piat

Après être passée par la Sorbonne où elle suit des cours d’histoire de l’art puis par les Beaux-Arts de Lyon, Juliette part vivre six mois au Pays Bas où elle fait de l’impression textile 2D et crée des motifs géométriques. C’est là qu’elle entend parler de la Swedish School of Textiles. « J’ai passé deux ans là-bas. C’est une école formidable avec des labos de recherche, des machines, toutes les branches du textile y sont représentées. J’y ai développé mon idée de tissage en 3D. »
Sa collection de fin d’étude, est une réflexion sur un tissage
en couches, souple et autoportant, isolant, qui peut être sculpté mais reprend sa forme grâce à des propriétés amortissantes.

Les applications sont multiples et la possibilité de customiser les couleurs et de jouer avec les échelles ajoute une dimension esthétique.

Juliette Berthonneau

Le confinement imposé six mois après sa sortie de l’école freine ses projets. Collaboration avec une autre designer, création d’un kit pédagogique, travail avec un artisan plisseur, lui permettent cependant de s’accrocher ! Rien n’est perdu : ses prototypes n’auront pas été fabriqués en vain. En décembre 2022, elle intègre l’incubateur des Ateliers de Paris.

Visites d’entreprises, rencontres avec des architectes, recherche de fonds pour avoir accès à des outils industriels, envie de participer à la redynamisation du secteur textile local en associant tradition et innovation… les choses bougent et vont être boostées
par ce nouveau Prix. « J’ai longtemps eu l’impression que j’étais bloquée à un feu rouge mais là je vais enfin pouvoir démarrer, explique-t-elle. J’ai hâte ! »

julietteberthonneau.com
@juliette.berthonneau

© Juliette Berthonneau
© Felix Marye

Grand Prix – Julie Richoz

© Cogolin

Diplômée de l’Ecal à Lausanne en 2012, Julie Richoz a travaillé de 2013 à 2015 avec le designer Pierre Charpin. Lauréate en 2012 du Grand Prix du jury à la Design Parade de la Villa Noailles, qui lui a notamment permis de travailler avec le CIRVA (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques), éditée par la galerie Kreo, elle dit être entrée dans la pratique du design avec des pièces uniques ou des petites séries.
« Je mets cependant beaucoup d’énergie à développer des projets industriels qui deviennent alors accessibles à un plus grand nombre de personne. C’est une autre démarche, plus complexe, où tout peut s’annuler pour un détail. C’est pourquoi quand j’ai vu le texte d’intention d’Inga Sempé, la présidente du Jury, j’ai eu envie de lui présenter mon travail. Elle expliquait qu’elle voulait valoriser des objets singuliers mais aussi industriels », raconte Julie qui a créé son studio en 2012.

Lors de sa rencontre avec le jury, elle met en avant le dialogue entre ses pratiques. Elle montre son cadre permettant de suspendre des images, imaginé pour Alessi, son petit tapis conçu pour Hay, qui a peut-être trouvé ses origines dans une collaboration plus exclusive pour la Manufacture Cogolin :
« Ce n’est pas le même positionnement prix mais les deux sont magnifiques chacun dans un esprit distinct », précise-t-elle. Elle se réjouit également de la commercialisation de petites tables imaginées pour l’éditeur italien Mattiazzi.

Elles sont une vraie silhouette, comme des bols sur pieds, et sont en bois massif, fabriquées en Italie. Cela prouve que ce n’est pas parce que l’on travaille en série que l’on ne peut pas être audacieux dans le langage et dans la forme.

Julie Richoz

julierichoz.com
@julierichoz

© Hay, Tapis
© Felix Marye

Catégorie Mode

Prix Talent Émergent – Vaillant

© Alice Vaillant

« Je ne voudrais pas que l’on ait de moi l’image d’une ballerine introvertie serrée dans son tutu », lance Alice Vaillant quand on l’interroge sur la première partie de sa jeune carrière – elle a 28 ans – consacrée à la danse. Car avant d’être cette créatrice reconnue, dont les pièces ont séduit Kylie Jenner, elle a, en effet, longtemps porté des chaussons. « J’ai débuté la danse à 7 ans. J’ai été repérée par l’école de l’Opéra de Paris à 11 ans. Cependant à 18 ans, je n’ai pas réussi l’examen d’entrée dans le corps de ballet. Je n’avais plus la flamme. La danse est une discipline très dure, quand la passion n’est plus là ça ne fonctionne plus. »

Elle rejoint cependant un grand ballet canadien mais elle a de nouvelles envies. « J’ai toujours été attirée par le vêtement et les tissus. Et la danse, c’est aussi le costume, les essayages, les retouches. Peu à peu, j’ai compris que je ne voulais plus être une interprète mais devenir une sorte de chorégraphe. » Pour cela, Alice fait un pas de côté. Elle prend des cours de couture, travaille dans l’atelier d’un tailleur et enfin intègre l’Atelier Chardon Savard dont elle sort diplômée en 2019. Dans la foulée, elle lance sa griffe.

Des années en justaucorps ça marque ! Je voulais travailler sur la fluidité tout en m’emparant des codes de la féminité comme le drapé, la dentelle toujours stretch, la broderie. Les femmes me disent que quand elles portent mes collections, elle se sentent mises en valeur.

Alice Vaillant

C’est sans doute pour cela qu’elle est très vite repérée sur les réseaux sociaux et que, trois ans après sa première collection, son studio compte déjà 6 personnes et vient d’emménager dans un bel espace du 11e arrondissement.

vaillantstudio.com
@vaillantstudio

© Vaillant
© Felix Marye

Grand Prix – Clara Daguin

© Barnabé Moinard

Clara Daguin est une créatrice éclairée ! Née en France, Clara a grandi dans la Silicon Valley. Son père, ingénieur en électronique, laisse traîner dans la maison des cartes mères et a assemblé lui-même son ordinateur. Peut-être les origines de son intérêt pour la technologie. Il y a, en tout cas, un lien fort entre le père et la fille. « Il a écrit le code de la pièce que j’ai exposée sur le Salon Première
Vision en 2018, une robe-installation lumineuse. Ça a été une étape importante tout comme ma participation au Festival de Hyères en 2016 à l’issu duquel j’ai créé ma marque ».

Dans la vie de Clara, le vêtement s’est aussi imposé très tôt. « J’ai toujours fabriqué mes vêtements mais cette activité n’avait alors aucune dimension artistique. » Ses cours de stylisme à la Mairie de Paris, son master de design/vêtements à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs contribuent à changer sa vision. Quant à son séjour de six mois en Inde où elle est émue par des savoir-faire comme la broderie, il forgera son style.

J’ai bénéficié d’un engouement pour la fashion tech. Mais je dois sans doute ma longévité au fait d’associer technologie et artisanat.

Clara Daguin

Son défilé en janvier 2023 qui déroulait 17 silhouettes en témoigne. « Pour perdurer, il faut aussi trouver un modèle économique. Le mien est basé sur la pluridisciplinarité. Il y a les pièces d’exception que l’on peut acheter ou louer. Je fais du consulting et de la recherche pour des marques. Je propose du prêt-à-porter plus accessible. Et je développe des pièces murales destinées à l’architecture d’intérieur. Il n’est pas toujours facile de ne pas rentrer dans des cases.
Mais il est nécessaire de surmonter les difficultés pour créer d’autres voies que celles existantes. Cela vaut la peine d’y croire et d’être obstinée. »

claradaguin.com
@claradaguin

© Léo Cannone
© Felix Marye

Prix Accessoires – Domestique

© Sophia Anthoine

Ils ont 35 ans et ils sont enthousiastes, dynamiques et « pètent le feu ! ».
Ils ont lancé Domestique, leur marque de maroquinerie en 2016 et emploient déjà 4 personnes.

Nous tenons à ce que nos produits soient fabriqués en France et même à Paris. Tout est ainsi fait dans notre atelier à la Caserne. Nous sommes attentifs à chaque détail notamment le choix des peaux pour que tout réponde à nos exigences en termes de qualité.

Simon Delacour et Bastien Beny

Le duo s’est rencontré sur les bancs de l’Ecole de Condé, école d’arts appliqués parisienne, il y a 18 ans. S’ils se sont séparés pour suivre chacun leur voie, l’un à l’Ecole Duperré, l’autre à l’école de la Chambre Syndicale de la Mode, débutant ensuite leurs carrières dans des entreprises distinctes, ils sont restés « meilleurs amis ».

En 2015, leur ambition commune de détourner et de décontextualiser des objets du quotidien, leur complémentarité, les amènent à créer Domestique et à lancer une collection d’« objets de design intimistes », inspirés du bondage sado-maso. Leur réputation est faite ! Enfin presque… Car, avec la présentation
d’une seule collection par an afin d’éviter « de se mettre la rate au court bouillon et de céder à la tentation de tout faire à la chaîne », ils explorent d’autres territoires que celui des accessoires sulfureux et offrent désormais une vision plus étendue. Ils se positionnent comme une manufacture créative.
Ils s’amusent ainsi à bousculer l’univers de l’accessoire avec, comme fils conducteurs, un esprit irrévérencieux et, toujours et encore, leur enracinement territorial, cette conviction, qu’il faut défendre envers et contre tout la fabrication ultra locale.

domestiqueparis.com
@domestique

© Sophia Antoine
© Felix Marye

Catégorie Métiers d’Art

Talent Émergent – Solenne Jolivet

© Felix Marye

À 11 ans, sa mère lui met entre les mains, un kit à broder. C’est ainsi qu’elle débute la broderie. Elle ne s’arrêtera jamais. Sa passion est telle qu’elle fait, à 12 ans, un stage chez le brodeur breton Pascal Jaouen. « Je me suis retrouvée avec des dames retraitées mais cela a confirmé mon souhait de me dédier à ce métier. » Son Bac STI arts appliqués en poche, elle intègre en 2008 l’Ecole Duperré pour suivre un diplôme métiers d’art textiles option broderie.
Puis, elle veut développer son univers. Elle prépare alors un diplôme supérieur d’arts appliqués et intègre l’IFM en management. Enfin son rêve se réalise.
En 2016, elle intègre Hermès, pour développer des tissus. Et… elle s’y ennuie. La matière lui manque. Elle met donc au point sa proposition artisanale.

Dès le départ j’ai voulu m’affranchir des traditions. Je me suis accordée le temps de l’expérimentation afin de trouver mon identité et une singularité. J’utilise ainsi le fil comme un pigment. J’ai créé ce que j’appelle la technique des atolls, des fils enroulés qui créent des nuances. Cela me permet de concevoir
différents éléments qui vont entrer dans la réalisation de grandes pièces. Je travaille ainsi dans un esprit d’artisan pour des architectes d’intérieur mais j’ai aussi des propositions plus personnelles et artistiques.

Solenne Jolivet

Installée depuis 2018, dans son propre atelier, elle prend encore le temps de la recherche. Lauréate en 2021 de la Fondation Banque Populaire, « un coup d’accélérateur », elle planche actuellement sur de la marqueterie de fils afin de s’inscrire dans des démarches hybrides lui permettant de développer des collaborations avec d’autres artisans d’art.

@solennejolivet_textiles

© Elisa Antoine
© Felix Marye

Grand Prix – Morgane Baroghel-Crucq

© KlipProduction

« Je suis liée à la matière, raconte Morgane. Les femmes de ma famille pratiquaient ce que l’on appelait les ouvrages de dames. Ma grand-mère chez qui, petite, je passais mes vacances, tricotait, cousait… Elle partait de simples fils et avec ses mains et quelques outils en faisait des vêtements et des objets. Je l’ai toujours vue comme une magicienne. Et j’ai eu la chance qu’elle et ma mère me transmettent ces techniques. » C’est donc naturellement que Morgane passe un bac option arts appliqués. Elle s’engage ensuite dans une prépa à l’ENS Cachan avec une spécialité en design puis intègre l’ENSCI-Les Ateliers, se consacrant au design textile.

C’est là que j’ai découvert le tissage. J’y ai aussi fait de la gravure, ce qui m’a permis d’approcher une certaine forme de finesse. Et, c’est lors de mon projet de diplôme en 2009 que j’ai commencé à installer un style. Je m’inspire des paysages, ou plutôt du processus créatif des paysages qui sont sculptés par le vent, l’eau… Il y a une interdépendance des éléments exactement comme dans le tissage.

Morgane Baroghel-Crucq

Cette passionnée qui explique combien son activité est hypnotique et lui apporte un formidable bien être, s’offre son propre métier à tisser dès la fin de ses études. Elle débute alors une carrière de free-lance tout en créant ses collections textiles. Son parcours est alors jalonné de rencontres et de succès comme le Prix de la Jeune Création Métiers d’Art en 2015, l’obtention de la bourse de la Fondation Banque Populaire, une exposition sur le salon Révélations… Jusqu’à ce Grand Prix qui va de pair avec une fin d’année bien remplie avec des expositions à Aix dont une en solo et à Paris.

Installée depuis 2018, dans son propre atelier, elle prend encore le temps de la recherche. Lauréate en 2021 de la Fondation Banque Populaire, « un coup d’accélérateur », elle planche actuellement sur de la marqueterie de fils afin de s’inscrire dans des démarches hybrides lui permettant de développer des collaborations avec d’autres artisans d’art.

morganebaroghel-crucq.com
@morganebaroghelcrucq

© Elisa Antoine
© Felix Marye

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