Le Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®

Le 3 octobre, la Fondation Bettencourt Schueller a dévoilé les trois lauréats 2023 du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main, qui incarnent le lien toujours plus sensible entre métiers d’art et conscience environnementale.

Lancé en 1999, ce prix a pour objectif de mettre en avant et de propulser les divers talents à l’échelle mondiale. Alors que l’attention était principalement axée sur les avancées technologiques, cette mission, clairement visionnaire et novatrice, a évolué au fil des années pour offrir trois distinctions distinctes : Talents d’exception, Dialogues et Parcours.

Talents d’exception : Pascal Oudet, tourneur sur bois

Pascal Oudet est lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main – Talents d’exception pour son œuvre Laisser entrer le soleil. Talents d’exception récompense un artisan d’art pour la réalisation d’une œuvre résultant d’une parfaite maîtrise des techniques et des savoir-faire des métiers d’art.

« L’arbre est du temps rendu visible » écrivait Paul Valéry. ​Avec cette œuvre, Pascal Oudet dévoile l’histoire intime de ce chêne, mettant en lumière ses cernes qui révèlent les étapes de sa croissance et ses accidents de vie, la qualité de son environnement et les conditions climatiques dans lesquelles il a évolué. ​

Parti d’un tronc de chêne vieux de 70 ans, Pascal Oudet en a patiemment retiré la matière jusqu’à obtenir une sculpture diaphane, d’une stupéfiante légèreté – 300g à peine. Pour ce faire, il a d’abord créé la forme de l’œuvre – deux disques reliés par une partie centrale évidée – par tournage, avant de la faire sécher naturellement, laissant ainsi la nature décider de sa forme ultime. Dernière étape décisive pour parvenir à ce résultat inédit : un retrait par sablage des cernes de printemps les plus tendres, préservant la structure la plus dense du bois d’été. À la lumière, une dentelle organique apparaît, faite d’alternance de ces cernes d’été et de la maille typique du bois de chêne qui les lie.

Dialogues : Aurélia Leblanc, tisserande, et Lucile Viaud, designer

Aurélia Leblanc, tisserande et Lucile Viaud, designer, reçoivent la récompense Dialogues pour leur œuvre Pêche cristalline. Dialogues salue la collaboration entre un artisan d’art et un designer.

Aussi inédite que spectaculaire, l’œuvre Pêche cristalline témoigne d’un véritable esprit d’innovation et de création, au cœur de l’identité qui lie Lucile Viaud et Aurélia Leblanc. Une démarche ancrée dans son époque, soucieuse de créer en symbiose avec l’environnement, de manière éco-responsable.

Matière première utilisée pour concevoir Pêche cristalline, le verre marin Glaz, a été créé par Lucile Viaud en écho au chef et à sa région. Fabriqué à partir de coquilles d’ormeaux et de micro-algues, il a été mis en fusion puis travaillé à chaud jusqu’au résultat de véritables filaments de verre de plusieurs kilomètres. Le duo les a alors fait dialoguer avec le lin dans le métier à tisser semi-électronique d’Aurélia Leblanc, selon un motif reproduit par un logiciel à partir d’un dessin réel pour parvenir à long voilage irisé de plusieurs mètres de long.

Parcours : Lainamac, la renaissance d’une laine 100 % française

Lainamac reçoit la récompense Parcours, qui salue une personne morale pour son engagement et sa contribution exemplaire au secteur des métiers d’art français.

À sa création, en 2009, Lainamac est positionnée sur la transmission de savoir-faire artisanaux liés à la laine. En quelques années, elle parvient à fédérer les acteurs essentiels de la transformation de laine locale, de l’éleveur à l’artisan-créateur ou la manufacture d’art, donnant un nouveau souffle au réseau creusois.

Rapidement, elle étend son activité à l’échelle nationale en faveur du remaillage français d’entreprises de la création et du fait main à base de laines françaises. Elle est aujourd’hui dotée d’un Centre de formation, d’ateliers textiles partagés et propose de l’accompagnement d’entreprises, dans une logique d’économie vertueuse et responsable.