Jeanne Friot
« Dès le départ, j’ai assumé le fait que j’étais une femme lesbienne et je me suis appuyée sur ma communauté queer et artistique. Je pense qu’il y avait une attente pour une marque comme la mienne avec des valeurs fortes ». Pas de doute, Jeanne Friot est engagée. Mais pas que ! Elle est aussi décidée. Diplômée de l’école Duperré, elle fait ses armes chez A.P.C., Kitsuné, notamment, puis devient directrice artistique et styliste photo afin de mieux comprendre ce qu’est l’image dans la mode.
Elle étudie ensuite à l’IFM puis passe 6 mois chez Balenciaga avant de lancer sa marque en 2020. « Je ne me sentais nulle part à ma place même si j’aimais de nombreuses choses. Je me suis donc dit que si je ne trouvais pas d’endroit me ressemblant, il fallait que je le crée. »
Installée à la Caserne à Paris, elle décline désormais son vestiaire : non genré, inclusif, écoresponsable, upcyclé, misant sur les savoir-faire français et des systèmes de production plus durables. « Nous nous sommes développés progressivement, soutenus par la presse. Puis les stars, comme Madonna, ont demandé des pièces, que nous avons faites sur mesure, mais sans jamais dévier de notre éthique ». Et, il y a eu les Jeux olympiques. « En habillant cette cavalière pour la soirée d’ouverture, nous lui avons fait porter notre philosophie. » Une visibilité extraordinaire, mais qui ne suffit pas. « Avoir une marque comme la mienne, être indépendante, c’est beaucoup de travail et de sacrifices. Ce Prix est une dotation dont nous avons besoin pour continuer. C’est aussi un rayonnement important, nous qui n’avions jusqu’à présent jamais gagné de concours. »
Jeanne Friot © Félix Marye