« C’est très rare, un atelier aussi complet, où l’on vous laisse l’espace pour vous développer »

Aude Froment, lauréate des Prix Savoir-faire en transmission 2020, et Stéphane Bondu, son maître de stage, nous accueillent à l’Atelier de l’Objet, proche du jardin des Tuileries, caché dans une rue de ce quartier idyllique au centre de Paris.

Fondé en 1999, l’atelier est spécialisé dans la réalisation de pièces de haute joaillerie, d’objets précieux et de boîtes. L’Atelier de l’Objet répond à des commandes de particuliers, pratique des restaurations et des réparations, et travaille sur des pièces et les nouvelles collections de grandes Maisons prestigieuses.

En plus d’avoir l’occasion de travailler avec d’autres membres de l’équipe sur des collections de grandes Maisons comme Dior, Aude est également chargée de projet pour des particuliers. À travers ce rôle, elle est en contact direct avec des clients, ce qui lui permet de développer des compétences variées. Elle intervient à la fois dans la conception, la relation et le conseil client, la gestion des devis et des fournisseurs. Il s’agit de domaines essentiels du métier de Bijoutier-Joaillier.

Elle travaille actuellement sur la réalisation d’une paire de boucles d’oreilles dans un style Rococo. Aude, passionnée, nous explique que tous les aspects de la conception à la réalisation sont pris en compte avec la cliente afin de s’adapter aux demandes esthétiques et économiques de celle-ci.

« Grâce à la maîtrise des différents savoir-faire par les employés, les pièces sont presque entièrement conçues et faites à l’atelier, ce qui apporte une vraie compréhension de la réalisation des bijoux. Ceci nous permet aussi de toucher à toutes les facettes, tous les processus de fabrication d’un bijou.”

Stéphane Bondu

L’Atelier de l’Objet s’adapte aux nouvelles technologies, tout en conservant des savoir-faire ancestraux. Les employées travaillent sur les prochaines collections, de Dior et Van Cleef & Arpels.

L’Atelier fourmille de vie. Aude semble très à l’aise dans son environnement. Elle nous confie d’ailleurs qu’elle a vraiment l’impression de faire partie de l’équipe, malgré son statut de stagiaire.

Au fil de la visite, Aude nous confie qu’elle ne serait pas dans cet atelier sans les Prix Savoir-faire en transmission car elle n’avait pas les compétences nécessaires.

« Je n’avais jamais fait de CAO (conception assisté par ordinateur) pendant mes études, alors que pratiquement toute l’équipe de l’atelier travaille sur ordinateur. »

Aude Froment

En sortant de son CAP, elle souhaitait faire un BMA, mais ne pouvait pas car elle était trop âgée ou n’avait pas le nombre requis d’heures de travail en atelier pour tenter une candidature libre. Au cours de ses études, elle a développé un intérêt pour le travail de la glyptique et de la sculpture de pierre.

Étant attristée par la perte de ce savoir-faire, elle a effectué un stage chez Cartier afin de suivre une rapide introduction dans le domaine. Au terme de ce stage, elle s’est renseignée sur les autres ateliers qui perpétuent ce savoir-faire, et a découvert l’Atelier de l’Objet. Elle y a réalisé un stage de trois semaines, puis un CDD de trois mois, avant de demander une alternance au sein de l’atelier, que Stéphane n’a pas pu accepter.

Déterminée, Aude a fait des recherches et a découvert les Prix Savoir-faire en transmission. Stéphane a accepté cette proposition et une fois lauréate, elle a intégré l’atelier pour un an.

Stéphane ajoute qu’Aude se débrouille très bien. “Elle reçoit des clients, elle gère seule, elle explique bien.” Aude estime qu’elle n’aurait pas eu l’opportunité de développer des compétences aussi variées et dans un tel cadre d’apprentissage sans ce prix.

« Dans un autre atelier, on m’aurait donné des tâches fastidieuses, répétitives et peu épanouissantes, et j’aurais probablement abandonné la bijouterie-joaillerie. Ce n’est pas ça qui m’avait émerveillé dans ce métier. C’est très rare, un atelier aussi complet, où l’on vous laisse l’espace pour vous développer. »

Aude Froment

Stéphane nous confirme alors que “ce dispositif est vraiment utile” et que Aude peut se former toute la journée, en restant autonome et en faisant partie de l’équipe. Elle se forge une réelle expérience, indispensable dans la pratique des métiers d’art.

« J’apprends encore beaucoup tous les jours, et c’est très épanouissant ! »

Aude Froment

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© Marjolaine Costé

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Atelier de l'objet- ©Marjolaine-Costé (1)

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