« Ce prix est un bon moyen d’apprendre ce qu’on ne voit pas à l’école »

Rendez-vous au pied de la butte Montmartre, dans une ébénisterie spécialisée dans la Conservation-Restauration de mobilier, sièges et objets d’art, l’Atelier Michel Jamet.

Alain Guéroult, gérant – maître d’art et Kim Jordan, lauréat du Prix Savoir-faire en transmission depuis janvier 2018, nous ouvrent les portes de l’atelier.

Alain nous présente son équipe d’ébénistes-restaurateurs attachée à la préservation des biens culturels nationaux et privés dans un souci constant de pérennisation.

L’atelier se caractérise par son aspect intergénérationnel. Les années d’expériences d’Alain s’associent avec les regards contemporains de ses proches collaborateurs.

Avec Alain

Présentez-nous l’atelier…

« Je travaille depuis 28 ans dans l’atelier Michel Jamet, dont j’ai repris l’atelier il y a 10 ans. 

L’atelier se veut polyvalent. Il est d’abord spécialisé dans la conservation-restauration de mobilier, sièges et objets d’art. Nous prenons en charge les biens culturels publics et privés. Nous sommes habilités par la Direction des Musées de France pour travailler avec les musées nationaux et les ministères. Nous proposons également du mobilier conçu sur mesure

Comment devient-on maître d’art ? 

« Je suis maitre d’art depuis décembre 2017. Pour cela, il faut candidater en présentant un fort dossier et en ayant un élève, auquel on s’engage à former pendant 3 ans. »

Que vous apporte Kim au quotidien ? 

« On s’apprend les uns les autres. J’apprends de mon élève car il a une formation de chimiste, de Kim car il est bon en anglais… La réflexion est permanente sur les techniques et les procédés, cela permet de s’ouvrir.

Le Prix Savoir-faire en transmission est un bon compromis car ça permet à la fois à Kim d’apprendre des choses qu’on ne voit pas à l’école et de m’enrichir en apprenant de nos échanges et réflexions. »

Entretien avec Kim

Parle-nous de ton parcours…

« Au départ, je faisais de la pub à Londres. Je réalisais déjà quelques petites pièces, en amateur, dans mon salon. En rentrant à Paris, j’ai fait un CAP d’1 an en ébénisterie à l’école Boulle.

La raison pour laquelle j’ai voulu faire cette reconversion c’est pour travailler avec mes mains, j’en avais assez d’être devant un ordinateur. J’ai fait un stage ici à l’atelier Michel Jamet. En sortant de l’école j’ai candidaté au Prix Savoir-faire en transmission. »

Qu’est-ce que t’as apporté cette expérience ?

« L’objectif était de me professionnaliser en travaillant sur de la restauration de meubles d’exception. J’ai appris des centaines de techniques que ce soit le collage, le vernis, la finition. L’appréciation des meubles (essence, assemblages, techniques…) avant de débuter la restauration est aussi une grande partie de mon apprentissage. 

On doit conserver l’œuvre telle qu’elle a été faite, et son histoire. Il faut utiliser des colles réversibles, comme celle utilisée au XVIIIème siècle  (à base d’os et de nerfs de bœuf ou de poisson). Savoir travailler le bois à la main, sans machines est essentiel dans la pérennisation de l’activité.

L’expérience m’a également permis de mieux appréhender la notion du temps par rapport au client, savoir gérer les commandes, du devis à la livraison. »

Quelles ont été tes missions durant l’année ?

« Récemment, j’ai rénové un coffre syrien du XVème siècle de A à Z. C’était une pièce inédite, en ébène et ivoire. J’ai aussi travaillé sur un cabinet d’ébène du XVIIème qui est maintenant dans un château. 

J’ai pu créer quelques pièces, une boîte pour la naissance de ma fille, un tabouret en noyer massif que j’ai sculpté, des manches d’outils en différentes essences. Ça me permet à la fois d’avoir du matériel et des souvenirs de cette expérience. »

Quels sont tes futurs projets ?

« Je regarde de mon côté pour voir s’il y aurait possibilité de prendre un atelier, ça a toujours été le but depuis que j’ai fait la reconversion. »

En images

© Amélie Aressi

© Amélie Aressi

© Amélie Aressi

© Amélie Aressi

© Amélie Aressi

© Amélie Aressi

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