Tannyna Kowalski dans l'atelier de Sylvie Johnson - 2021
« Je vous parle ici en tant que militante, il faut faire perdurer ce métier ! »
Sylvie Johnson nous accueille dans son atelier de tissage, situé au cœur de Paris. Tannyna Kowalski, lauréate des Prix Savoir-faire en transmission 2020, et Anh Boutin, ancienne lauréate et aujourd’hui employée, sont affairées aux métiers à tisser.
18 ans auparavant, quand Sylvie Johnson a créé son entreprise, le tissage était surtout destiné à la haute couture, mais très peu à l’ameublement. Aujourd’hui, ses clients sont principalement des architectes et des designers d’espace.
Pendant que nous visitons l’atelier, Sylvie explique qu’elle instaure une chaîne d’excellence dans son processus de création. La majeure partie des fils utilisés pour les tissus sont produits par des filateurs, qui travaillent également pour la haute couture.
Sylvie, Tannyna et Anh nous montrent une partie de leurs échantillons de tissus. Le mélange de certaines matières est remarquable. Coton et cuir, fil d’or et crin de cheval, ou encore liège et soie, s’allient parfaitement, et créent un contraste unique. Chaque matériau a ses propriétés, et ses contraintes. Le raphia, par exemple, demande parfois 2 jours de préparation avant de pouvoir être tissé.
« Le fil fait le textile. L’idée n’est pas de créer des motifs, mais que les motifs se créent grâce au mariage des couleurs et aux combinaisons de textures. »
Sylvie Johnson
Sylvie connaît très bien les Prix Savoir-faire en transmission. Elle les découvre grâce à Marion Wodarcazck, venue postuler à son atelier. Le bouche à oreille a ensuite permis à Anh Boutin de profiter de ce dispositif, puis à Tannyna Kowalski, actuelle lauréate en stage dans l’atelier. Les deux lauréates précédentes ont été embauchées par la suite, et Sylvie espère que Tannyna va également rester.
« Je suis toujours tombée sur des perles ! Le métier de tisserand demande de la rigueur et de l’organisation. Une petite erreur de montage des fils sur le métier à tisser peut engendrer des défauts sur le produit final. »
Sylvie Johnson
Sylvie nous révèle qu’elle rencontre de grandes difficultés à recruter dans son secteur d’activité. Le métier de tisserand est peu connu, et d’après elle et Tannyna, il est parfois perçu comme un loisir, ou une activité ancestrale un peu dépassée. Les formations supérieures proposent des cours de tissage, mais sans aller jusqu’à la production d’une pièce complète.
« Il faut avoir une vision professionnelle de ce métier, faire des échantillons de tissus ne suffit pas. »
Sylvie Johnson
Elle trouve donc le Prix Savoir-faire en transmission idéal, pour former et recruter ses employés.
« On a trois métiers à tisser, mais jamais trois tisserandes ! Il faut perpétuer ce savoir-faire, je ne comprends pas pourquoi ça n’intéresse pas plus de monde. Le tissage a une part de merveilleux, j’adore l’idée de faire quelque chose de beau au quotidien. »
Sylvie Johnson
Tannyna et Anh rejoignent ce point de vue, convaincues de l’enrichissement apporté par cet art oublié.
« Heureusement que ces Prix existent ! »
Anh Boutin
Pour les deux lauréates, le Prix Savoir-faire en transmission permet d’acquérir une vision plus globale de ce métier, et de poursuivre l’apprentissage reçu par les écoles d’art. Ainsi, elles peuvent aujourd’hui se projeter professionnellement dans ce secteur d’activité.