« Violène a spontanément demandé si elle pouvait aller aider les autres résidents. Elle a découvert pas seulement mon univers, mais aussi celui de la set designer, de la Paper artist.» raconte Solenne.

Violène Ottavino, lauréate du Prix Savoir-Faire en Transmission 2025, découvre les multiples facettes du métier d’artiste brodeuse au cœur de l’atelier de Solenne Jolivet Textiles. Récit d’une année d’apprentissage qui va bien au-delà de la technique.

Diplômée du DNMAD Matériau spécialité broderie au lycée La Source de Nogent-sur-Marne, Violène pratiquait déjà le crochet, le tricot et la broderie. Mais à la sortie de ses trois années d’études, elle hésite. « J’avais pas forcément envie de continuer vers un DSAA parce qu’il n’y avait pas de spécialisation vraiment en broderie. Mais j’avais un peu peur de me lancer dans le monde professionnel », confie-t-elle. C’est en entendant parler du Prix Savoir-Faire en Transmission, dont plusieurs élèves de La Source ont bénéficié, qu’elle contacte Solène Jolivet.

Solenne Jolivet, artiste et artisane textile, s’est installée à son compte en 2017-2018 après un passage par l’Institut Français de la Mode. Lauréate de la Fondation de la Banque Populaire, des Grands Prix de la Création 2023, du prix LVMH Artisanes et du Prix ODI du Salon des Beaux-Arts, elle a progressivement affiné son positionnement entre artisanat et création artistique.

« Violène a spontanément demandé si elle pouvait aller aider les autres résidents. Elle a découvert pas seulement mon univers, mais aussi celui de la set designer, de la Paper artist. Elle a travaillé avec le menuisier, le luthier, la bijoutière. »

L’atelier se situe dans un espace collectif réunissant plusieurs artisans aux activités diverses. Cette richesse inattendue permet à Violène de toucher au métal avec un chalumeau, de travailler le bois, de découvrir l’art du papier, et même d’aider une traiteuse végétale lors d’événements.

« C’est absolument génial pour les jeunes parce que ça leur permet de comprendre le business plan de chacun. Plus ils ont de modèles économiques en tête, plus ils peuvent se projeter », explique Solène.

Pour Solène, la transmission passe aussi par l’apprentissage du rythme de travail, la curiosité et une certaine audace « Il y a beaucoup de monde sur le marché du travail. On s’en sort par son attitude et sa motivation à apprendre».

Violène acquiesce : « Il y a aussi tout ce qu’elle m’a transmis en termes de technique. Le crochet de Lunéville, c’est quelque chose que je n’avais pas vu à l’école. Et aussi toute son expérience, toutes les erreurs qu’elle a pu faire, pour ne pas que je répète la même chose. »

À l’atelier, Violène ne brode pas seulement. Communication, comptabilité, archives, commandes : « Maintenant, t’es autonome sur plein de choses. Tu vois la réalité logistique, commerciale et marketing de mon activité », souligne Solenne. Actuellement, les deux femmes travaillent sur de nouvelles œuvres au crochet de Lunéville, cet outil emblématique de la haute couture utilisé pour poser perles et paillettes.

« L’apprentissage dans les métiers d’art, c’est le numéro un. Sur des longues durées. Deux semaines de stage, ce n’est pas suffisant. On commence à être à l’aise au bout d’un mois et demi. », Solenne.

Pour Solenne Jolivet, le message est clair : la transmission longue durée, rémunérée et dans des structures réelles : voilà l’avenir des métiers d’art.

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