La plumasserie est un métier d’art de plus en plus rare

Rendez-vous au Viaduc des Arts pour rencontrer Claire Loraine, lauréate du Prix Savoir-faire en transmission. Depuis janvier 2018, elle effectue son stage au sein de l’atelier de Julien Vermeulen, plumassier.

Brûlées, frisées, colorées, collées, Julien travaille la plume avec maitrise, entre tradition et innovation. Lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main en 2018, il nous ouvre les portes de son atelier, situé sous une des grandes voûtes en pierre du Viaduc des Arts. C’est au cœur de ce bel atelier que Julien a décidé de transmettre son savoir-faire à Claire Loraine et de donner les moyens à son métier de perdurer.

La plumasserie est un métier d’art de plus en plus rare, moins d’une dizaine d’artisans exercent aujourd’hui dans ce domaine en France. Pourtant les opportunités et les demandes sont nombreuses : cinéma, théâtre, opéra, mode, publicité, art, architecture ou encore dans l’événementiel.

Julien et Claire forment un duo soudé, ils avancent avec détermination et persévérance dans l’aventure de la plumasserie et de la transmission.

Nous avons voulu en savoir un peu plus sur Claire et son parcours peu commun.

Parle-nous un peu de toi, de ton parcours :

« J’ai 27 ans d’expérience dans la mode, j’étais styliste graphiste dans le prêt-à-porter. Je commençais à m’ennuyer dans mon travail et puis, on m’a annoncé la fermeture de l’entreprise. C’était le moment de passer à quelque chose de nouveau. J’avais envie d’un métier manuel. Alors, j’ai cherché des jobs sur internet et je suis tombée sur une annonce de stage de Julien, qui à l’époque était résident aux Ateliers de Paris. J’ai candidaté sans grande conviction mais finalement, j’ai eu une réponse et il m’a contacté pour qu’on se rencontre. Je me suis dit : ‘’les planètes sont alignées !’’ »

Comment as-tu connu le Prix Savoir-faire en transmission ?

« Après le stage, j’ai voulu compléter mes compétences en plumasserie et poursuivre mon expérience mais j’ai rencontré de grandes difficultés d’accompagnement dans ma reconversion professionnelle : mon âge était un frein. On ne me prenait pas au sérieux dans le choix de me tourner vers les métiers d’art.

J’ai passé mon CAP Plumasserie au lycée Octave Feuillet à Paris, puis j’ai candidaté aux Prix Savoir-faire en transmission, c’était ma seule solution pour avoir un statut dans le métier. Ça me permet de valider mes acquis et d’avoir un projet sérieux et cohérent. C’est une expérience exceptionnelle. »

Pourquoi as-tu voulu poursuivre ton expérience à la Maison Julien Vermeulen ?

« Mon stage s’était très bien déroulé dans les locaux des Ateliers de Paris. Malgré ma différence d’âge avec les résidents, je me suis bien intégrée et il y avait une bonne entente entre nous tous.

Avec Julien, on a chacun à s’apporter, lui a un vrai talent pour la plumasserie et moi je l’aide grâce à mon expérience dans la relation client entre autres. »

Quels-ont été vos projets durant ces derniers mois ?

« Nous avons eu une demande d’une maison de Haute Couture avec 20 silhouettes à réaliser, dont une de 7m² composée de 70 000 plumes ! Ça représente environ 2000h de main d’œuvre sur 4 semaines, nous étions 12 dans l’atelier. Le challenge a été relevé et le tout dans la fluidité ! »

En tête à tête avec Julien :

Que t’apporte Claire au quotidien ?

« Quand on est seul, on a souvent le nez dans le travail et on ne voit rien d’autre. Elle me permet de rester motivé dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle m’apprend à dire non grâce à son expérience avec les clients. Elle est calme, on se complète, il y a un vrai équilibre entre nous et ça me rassure. »

Claire ajoute : « J’ai presque une relation maternelle avec lui car il a l’âge de mes enfants. Je suis très admirative de Julien, de ce qu’il a fait à son âge. Humainement, c’est une rencontre idéale. »

Un mot sur le Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main ?

« Pour tout vous avouer, je ne réalise pas encore. J’ai reçu beaucoup de messages pour me féliciter. C’est très positif car je sens une vraie reconnaissance dans le milieu, le regard des gens changent sur moi, pourtant je suis toujours le même artisan. C’est un véritable coup de projecteurs.

Et puis bien évidemment, ça va nous aider financièrement. Déjà pour valider l’embauche de Claire et mettre en place des projets bien plus sereinement. Il y a un vrai accompagnement de la fondation Bettencourt Schueller sur le long terme. »

Quels-sont tes projets pour la suite ?

« Nous allons commencer la préparation de la haute couture avec des échantillons à présenter aux maisons. On continue aussi nos projets actuels pour du prêt-à-porter homme et femme.

On expose des tableaux à la galerie Haute Facture également. »

En images

© Amélie Aressi

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