« Il n’y avait aucun autre moyen de se former, aussi longtemps, à ce métier ».

Marius Tessier, lauréat 2021 du prix Savoir-faire en transmission auprès de l’artisan Bertrand Dupré, démarre sa formation d’impression en creux, dit « taille-douce » en janvier 2021 à l’atelier de Chalcographie, rattaché à la Réunion des musées nationaux – Grand Palais.

Créé en 1797 à partir d’anciennes collections constituées sous l’Ancien Régime, l’atelier reçoit, depuis quelques années, des commandes d’artistes contemporains (JR, Annette Messager et Rosanna Lefeuvre, entre autres).

Après une formation en gravure à l’école Estienne et un premier stage à l’atelier René Tazé, Marius postule au prix Savoir-faire en transmission et à la Rmn, à une période où Bertrand se pose des questions quant à l’intérêt des jeunes générations pour son métier :

« Est-ce qu’on sert à quelque chose ? Est-ce un métier qui va perdurer ? Voir des grands ateliers fermer fait peur ».

Bertrand Dupré

La présence de Marius est rassurante : l’intérêt, l’envie et l’énergie se sont fait ressentir, lors de notre rencontre, et cela a continué au fil de nos échanges.

Nous avons rencontré Marius et Bertrand en octobre dernier. Ce qui nous a marqué, c’est leur envie de nous partager leur passion commune d’un métier, au-delà des interrogations sur son devenir.

10 mois s’étaient écoulés depuis le début du stage et, déjà, Marius ressentait une fierté devant son évolution. La transmission s’est faite en douceur, en prenant le temps de pratiquer toutes les techniques, sur des plaques anciennes et contemporaines, le stress en moins, la difficulté augmentant au fur et à mesure.

« J’ai découvert tellement de choses : on peut travailler avec la paume, avec le doigt, chercher des contrastes en remontant l’encre à la surface, traiter une image différemment en fonction des zones… ».

Marius Tessier

L’apprentissage acquis à l’école a pu se concrétiser grâce à ce stage, se confrontant à la réalité, aux contraintes et spécificités liés au métier de graveur.

« On apprend toujours, au bout de 10 mois ou de 30 ans ».

Bertrand Dupré

Le stage aura été une opportunité à la fois pour Marius – prendre le temps de pratiquer, de nourrir sa technique, d’apprendre ce métier rare – et pour l’atelier – une main d’œuvre sur le temps long et soutenue financièrement.

Nous apprenons, à la fin de notre entretien, qu’un nouveau poste à l’atelier est en cours de création, Marius étant prioritaire.

Notre reportage s’est conclu par les mots de Sophie Prieto, responsable de l’atelier :

« Ce prix sert d’accélérateur de soutien pendant ces moments un peu difficiles, du début, quand on prend son envol ».

Sophie Prieto

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